L’arrêt des modèles Mercedes issus de Renault : quel futur pour l’usine de Maubeuge ?

La collaboration de longue durée entre Mercedes et Renault sur la production de fourgonnettes légères arrive à un tournant décisif. En effet, la fin programmée des Mercedes Citan et Classe T, des modèles étroitement liés au Renault Kangoo et fabriqués à l’usine de Maubeuge, soulève de nombreuses questions sur l’avenir industriel de ce site essentiel dans le Nord de la France. Cette évolution intervient dans un contexte d’ajustement stratégique de Mercedes, qui souhaite désormais concentrer ses efforts sur des utilitaires de gabarit plus élevé, mais aussi face aux mutations profondes du marché automobile marqué par la transition énergétique et la transformation des modes de mobilité.
Au cœur des interactions franco-allemandes sur le segment utilitaire, la production du Citan et Classe T reflète plus largement les enjeux industriels et économiques des partenariats entre grands acteurs du secteur, tandis que l’usine Maubeuge doit désormais se réinventer pour préserver son dynamisme et son savoir-faire. Tour d’horizon technique et industriel pour comprendre les implications et anticiper les transformations à venir.
Table des matières
- 1 Arrêt de la production des Mercedes Citan et Classe T à Maubeuge : analyse des causes industrielles
- 2 Le rôle historique et industriel de l’usine Renault à Maubeuge face aux défis de 2026
- 3 Implications économiques et sociales de la fin des modèles Mercedes sur le site Renault de Maubeuge
- 4 Les évolutions techniques et les défis de la fabrication automobile à Maubeuge en phase post-Citan
- 5 Conséquences pour le partenariat industriel franco-allemand entre Mercedes et Renault
- 6 Perspectives et stratégies de redynamisation de l’usine Renault Maubeuge au-delà de 2026
- 7 Impact de l’arrêt du Citan et Classe T sur le marché des utilitaires légers en Europe
- 8 La place de l’usine de Maubeuge dans la transformation globale de l’industrie automobile française
- 9 FAQ sur les conséquences de l’arrêt des modèles Mercedes issus de Renault à Maubeuge
Arrêt de la production des Mercedes Citan et Classe T à Maubeuge : analyse des causes industrielles
La décision de Mercedes d’arrêter la fabrication des Citan et Classe T en 2026 dans l’usine Renault de Maubeuge résulte d’une analyse approfondie des performances commerciales et de la stratégie de la marque allemande. Ces deux véhicules, dérivés du Renault Kangoo, incarnent une synergie franco-allemande initiée en 2012, qui aura duré plus d’une décennie. Cette collaboration avait permis de mutualiser la production pour réduire les coûts industriels tout en ciblant un segment utilitaire léger.
Or, plusieurs facteurs expliquent l’abandon de ces modèles :
- Contraction des ventes : Le marché des fourgonnettes légères connaît un recul notable, avec un segment en décroissance au sein de Mercedes (-9% en 2024). Le Citan accuse une baisse modérée de 3% des ventes à 23 351 unités, mais la chute est plus sévère pour le Classe T (-31% à 5 117 unités), reflétant un désintérêt accru des consommateurs vis-à-vis du segment ludospace repris.
- Réorientation stratégique de Mercedes : Le constructeur privilégie désormais les utilitaires de taille moyenne et supérieure, notamment les Vito, Classe V et Sprinter. Ces gammes plus grands offrent des marges plus élevées — entre 10 et 12% — contre 6 à 8% pour les petits utilitaires, ce qui influence directement les décisions industrielles.
- Évolution des normes environnementales : L’expansion des versions électriques dans le segment nécessiterait des investissements lourds et renouvelés dans le design et les motorisations, dont la rentabilité pour ces modèles compacts reste limitée par rapport aux gammes plus grandes et plus performantes sur ce plan.
Le tableau ci-dessous résume les données clefs sur les volumes de production et tendances des modèles concernés.
Modèle | Unité vendues 2024 | Variation par rapport à 2023 | Marge estimée (%) | Type de véhicule |
---|---|---|---|---|
Mercedes Citan | 23 351 | -3% | 6-8 | Utilitaire léger |
Mercedes Classe T | 5 117 | -31% | 6-8 | Ludospace léger |
Mercedes Vito / Classe V / Sprinter | 405 610 | -9% (segment utilitaires Mercedes) | 10-12 | Utilitaires moyens et grands |

Le rôle historique et industriel de l’usine Renault à Maubeuge face aux défis de 2026
L’usine de Maubeuge, anciennement connue sous le nom de Maubeuge Construction Automobile (MCA), est un pivot industriel majeur dans la région Hauts-de-France. Depuis les années 2010, elle est le centre de production de plusieurs utilitaires légers, incluant le Renault Kangoo, la version Nissan, ainsi que les Mercedes Citan et Classe T. Ce site incarne l’expertise de fabrication automobile française, en particulier pour les véhicules utilitaires urbains et périurbains.
La fin de la production des Mercedes badgés sur place questionne l’avenir industriel de ce site :
- Impact sur la charge de production : La sortie des deux modèles Mercedes pourrait sembler réduire la cadence de la ligne, mais grâce à la diversification des modèles — avec la montée en puissance de la nouvelle Renault 4 électrique par exemple —, l’usine conserve une base stable et optimisée.
- Maintien du partenariat Renault-Nissan : La production simultanée du Kangoo et d’une version Nissan assure une continuité technique et économique importante, même en cas de retrait partiel du partenaire Mercedes.
- Capacité d’adaptation : Le site a su absorber des mutations technologiques conséquentes, notamment le passage aux motorisations électriques, illustré par la fabrication des versions Zéro Émission telles que le Kangoo E-Tech ou la Mercedes EQT, également impactée par cette cessation.
Ce tableau montre la répartition actuelle des productions sur le site de Maubeuge en 2025 :
Modèle | Part de production estimée | Type de motorisation | Status actuel |
---|---|---|---|
Renault Kangoo (essence/diesel) | 55% | Thermique | En production |
Renault Kangoo E-Tech (électrique) | 20% | Électrique | En production |
Version Nissan Kangoo | 15% | Thermique/Électrique | En production |
Mercedes Citan/Classe T | 10% | Thermique/Électrique (EQT) | Arrêt prévu en 2026 |

L’arrêt de la production des Mercedes Citan et Classe T dans l’usine de Maubeuge aura évidemment des conséquences au niveau économique et social, bien que Renault et les autorités locales mettent en avant l’absence d’effet immédiat sur le volume global de production.
Les enjeux se décomposent ainsi :
- Maintien de l’emploi : L’usine emploie plusieurs milliers de salariés dont la plupart sont mobilisés sur les véhicules utilitaires légers, avec une compétence technique pointue. La diversification des modèles et des motorisations à Maubeuge est l’une des clés pour préserver la pérennité des emplois.
- Pressions syndicales : Le personnel et les représentants syndicaux ont déjà exprimé leur préoccupation face à l’arrêt annoncé, craignant une perte progressive de savoir-faire liée à la diminution des modèles produits, mais aussi un impact sur les conditions de travail à long terme.
- Effets sur la sous-traitance : Les fournisseurs locaux et sous-traitants, qui participent à la chaîne de valeur industrielle automobile, pourraient voir leur activité diminuer, nécessitant un accompagnement adapté pour sécuriser les emplois indirects.
Pour appréhender l’impact, voici un tableau de répartition estimée des emplois directement liés à la production Mercedes à Maubeuge :
Catégorie d’emploi | Nombre estimé | Rôle / Fonction |
---|---|---|
Ouvriers spécialisés | 350 | Assemblage et fabrication |
Techniciens de maintenance | 70 | Maintenance et support technique |
Personnel administratif / planification | 40 | Gestion de la production |
Les évolutions techniques et les défis de la fabrication automobile à Maubeuge en phase post-Citan
Au-delà du simple arrêt de production, la transition vers le nouvel avenir industriel passe par les innovations techniques et l’adaptation des lignes de fabrication à des exigences croissantes en termes de qualité, d’électrification et d’efficacité industrielle. L’usine de Maubeuge est confrontée à plusieurs défis majeurs :
- Transformation vers l’électrique : Intégrer et optimiser la production de véhicules électriques comme la Renault 4 E-Tech fait partie intégrante de la stratégie industrielle du site.
- Flexibilité des lignes : Les procédés industriels doivent pouvoir accueillir plusieurs modèles avec des architectures différentes, tout en maintenant une efficacité de production élevée.
- Réduction des délais de production : Face à la concurrence européenne et mondiale, la rapidité de mise sur le marché des nouveautés constitue un paramètre clé.
Par ailleurs, au niveau technique, la fabrication d’utilitaires légers électriques exige une maîtrise poussée des batteries, de la chaîne de traction et de la connectivité embarquée, autant d’éléments qui impliquent une montée en compétence des équipes et un investissement technologique conséquent.
Défi technique | Description | Conséquence industrielle |
---|---|---|
Électrification | Production de motorisations électriques et intégration batteries | Adaptation des lignes et formation des opérateurs |
Polyvalence | Assemblage de différents modèles sur une même chaîne | Flexibilité accrue et optimisation |
Qualité et contrôle | Respect des normes européennes et internationales | Amélioration continue de la production |
Ces évolutions techniques soulignent la nécessité d’un futur industriel performant, capable de répondre aux mutations rapides du marché et au besoin de transformation.
Conséquences pour le partenariat industriel franco-allemand entre Mercedes et Renault
L’arrêt des Mercedes Citan et Classe T témoigne d’un changement stratégique profond dans la relation industrielle entre Mercedes et Renault. Ce partenariat basé sur le partage technologique et industriel pour les utilitaires légers souffre désormais d’une réorientation commerciale et stratégique.
À l’heure actuelle, hormis le projet commun situé à Aguascalientes au Mexique, qui peine à atteindre ses objectifs, le rapprochement semble marquer une pause voire un ralentissement notable. Plusieurs points sont à souligner :
- Fin d’un chapitre industriel : La sortie du Citan/Classe T signifie la fin d’un projet emblématique initié en 2012, qui avait dessiné un pont industriel entre les deux nations ainsi qu’une coopération économique fructueuse.
- Vers une autonomie technologique croissante : Mercedes semble vouloir s’affirmer sur le segment utilitaire avec des modèles développés en interne, notamment pour mieux maîtriser les innovations liées à l’électrification et aux services connectés.
- Situation du Mexique : Le projet à Aguascalientes reste le dernier vestige de cette coopération, avec des difficultés industrielles et commerciales qui nuisent à sa pérennité.
Cette rupture pose ainsi la question d’une nouvelle approche dans la collaboration entre grands groupes, privilégiant parfois la souveraineté industrielle au détriment de la mutualisation.
Aspect | Situation avant 2024 | Situation post-2026 |
---|---|---|
Modèles utilitaires légers | Collaboration étroite, production partagée | Arrêt des modèles communs, développement interne Mercedes |
Localisation industrielle | France (Maubeuge) | Renforcement des capacités indépendantes Mercedes |
Projet Mexique | Fabrication commune | Projet à l’arrêt, incertain |

Perspectives et stratégies de redynamisation de l’usine Renault Maubeuge au-delà de 2026
Face aux bouleversements, le site industriel de Maubeuge doit envisager des leviers pour assurer sa pérennité et son adaptation aux exigences futures du secteur automobile. Plusieurs axes peuvent être privilégiés :
- Investissements dans l’électrification : Poursuivre le développement des modèles électriques, en capitalisant sur l’expérience acquise avec la Renault 4 E-Tech et le Kangoo électrique.
- Expansion des contrats industriels : Renforcer les partenariats avec d’autres marques ou diversifier les productions orientées vers de nouveaux segments comme les véhicules électriques commerciaux ou même des petits SUV urbains.
- Innovation technologique : Mettre en œuvre des lignes de production intelligentes, intégrant automatisation avancée et digitalisation pour améliorer la qualité et la compétitivité.
- Formation et développement des compétences : Adapter les compétences des employés aux nouvelles technologies tout en valorisant la polyvalence des équipes de production.
Un horizon qui nécessite aussi un soutien accru des acteurs locaux et nationaux, aux plans économique, industriel et social.
Stratégie | Objectif | Effets attendus |
---|---|---|
Électrification | Majorité de production VE | Réduction d’émissions, respect des normes |
Diversification | Nouvelle gamme, nouveaux clients | Maintien et création d’emplois |
Digitalisation & automatisation | Efficacité accrue, qualité garantie | Compétitivité industrielle |
Formation des équipes | Montée en compétences | Adaptabilité aux innovations |
Impact de l’arrêt du Citan et Classe T sur le marché des utilitaires légers en Europe
Le retrait des Mercedes Citan et Classe T, s’appuyant sur la plateforme du Renault Kangoo, restructure le paysage des utilitaires légers en Europe. Ce segment est déjà en pleine mutation face à la montée en puissance des véhicules électriques et aux nouvelles exigences environnementales.
Voici les transformations majeures induites sur le marché :
- Concentration de l’offre : Moins de modèles disponibles dans la catégorie des fourgonnettes légères signées Mercedes, laissant une place accrue à Renault et Nissan ainsi qu’à d’autres concurrents spécialisés.
- Remise en cause des partenariats industriels : Autonomie accrue des marques, remettant en cause les anciennes alliances pour privilégier la maîtrise complète des technologies et des chaînes logistiques.
- Accélération de l’électrification : La sortie du Citan/Classe T devient un argument supplémentaire pour la montée en gamme vers des utilitaires électriques plus performants, adaptés aux normes européennes les plus strictes.
Un tableau comparatif des parts de marché des principaux utilitaires légers en 2024 illustre cette tendance :
Marque | Segment Utilitaires Légers (unités vendues 2024) | Part de marché (%) | Tendance 2024 |
---|---|---|---|
Renault (Kangoo, Trafic) | 105 000 | 26% | Stable |
Nissan | 42 000 | 10% | En croissance |
Mercedes (Citan, Classe T) | 28 000 | 7% | En baisse |
Autres marques | 220 000 | 57% | Variable |
L’arbitrage stratégique de Mercedes modifie donc le jeu concurrentiel, offrant une fenêtre d’opportunité pour Renault et ses alliés.

La place de l’usine de Maubeuge dans la transformation globale de l’industrie automobile française
Au-delà des enjeux locaux, l’évolution à Maubeuge s’inscrit dans une dynamique nationale et continentale plus large visant à moderniser l’industrie automobile française. La transformation passe par plusieurs vecteurs majeurs, en phase avec les objectifs climatiques européens et la pression concurrentielle croissante :
- Électrification massive : Le virage vers la production d’électriques, avec des modèles renouvelés et adaptés, représente un pilier pour conserver la compétitivité de sites comme Maubeuge.
- Innovation industrielle : Automatisation, robotisation, usine intelligente participent à repositionner la France dans la course technologique de la fabrication automobile.
- Développement durable : Intégrer la réduction des émissions de CO2, l’optimisation énergétique et la gestion responsable des ressources dans les processus industriels.
- Soutien politique et économique : Financements publics et partenariats renforcés pour aider à la transformation et la montée en gamme industrielle.
Les experts estiment que Maubeuge pourrait devenir un modèle exemplaire de ce que doit être l’usine automobile du futur en France, alliant tradition manufacturière et avant-garde technologique.
Axes de transformation | Principales actions | Objectifs clés |
---|---|---|
Électrification | Production accrue de véhicules électriques | Neutralité carbone, innovation |
Digitalisation | Lignes de production automatisées | Qualité, rapidité, compétitivité |
Soutien économique | Subventions, aides à l’investissement | Maintien et création d’emplois |
Formation | Programmes de montée en compétence | Adaptation aux technologies émergentes |
FAQ sur les conséquences de l’arrêt des modèles Mercedes issus de Renault à Maubeuge
- Quels modèles Mercedes seront impactés par cet arrêt à Maubeuge ?
Les Mercedes Citan et Classe T, basés sur la plateforme du Renault Kangoo, cesseront leur production à l’usine de Maubeuge dès 2026.
- Comment l’arrêt affectera-t-il l’usine de Maubeuge ?
Malgré l’arrêt des modèles Mercedes, la production du Renault Kangoo, de ses versions électriques ainsi que celle issue de Nissan se maintiendra, limitant l’impact global sur le volume d’activité.
- Pourquoi Mercedes arrête-t-elle ces modèles ?
Le constructeur souhaite concentrer ses ressources sur des utilitaires de taille moyenne et grande, plus rentables et mieux adaptés aux nouvelles normes et objectifs commerciaux.
- Quelles perspectives pour l’avenir industriel de Maubeuge ?
Le site doit renforcer sa spécialisation dans les véhicules électriques, diversifier ses productions et moderniser ses lignes pour rester compétitif sur le marché automobile.
- Ce partenariat franco-allemand est-il complètement terminé ?
La collaboration sur les utilitaires légers s’arrête, mais un dernier projet commun persiste au Mexique, bien que son avenir soit incertain.